Que vont devenir les réseaux sociaux dans les prochaines années? Ces plateformes vont-elles continuer à se développer pour devenir rentables et pérennes? Au-delà de leur énorme succés actuel, ces nouveaux business semblent pourtant porteurs de nombreuses faiblesses, en particulier :

  • Les réseaux sociaux ne reposent sur aucune innovation technologique propre et brevetable. La copie et le clonage sont possibles et en pratique, ils se produisent
  • Les services offerts se différentient de moins en moins les uns des autres et il y a une convergence fonctionnelle vers ce qui marche
  • La monétisation des plateformes amène à de plus en plus d’intrusions dans la vie privée des utilisateurs qui engendre des dégradations d’image et des réactions de rejets
  • Le succès actuel semble beaucoup lié à des phénomènes de mode et de curiosité, avec des utilisateurs zappeurs à la recherche de nouveautés et de liberté
  • Le succès d’un réseau peut contribuer à le rendre moins attractif voire répulsif – Un ado qui retrouve ses parents sur Facebook à toutes les raisons d’aller voir ailleurs

Partant de là, que peut-il advenir ? Les leader en s’adossant à de grands groupes vont probablement garantir leur pérennité, tout en se banalisant fortement. Ils perdront assez vite leur identité pour devenir de simples services en ligne, tel que peut l’être aujourd’hui la messagerie. Le marché va donc se « commoditiser », suivant un modèle qui touche l’ensemble du secteur IT : infrastructure, logiciels, portails d’information, etc.

Par ailleurs, les utilisateurs ayant le plus souvent besoin de s’inscrire sur plusieurs réseau sociaux, on peut s’attendre à l’apparition d’outils permettant de gérer efficacement l’ensemble de son identité numérique : agrégateurs de réseaux, portails de services, etc. La conséquence sera pour les réseaux une perte importante de maitrise de la forme et du fond du contenu délivré. Cette perte de controle altèrera probablement à son tour la mise en œuvre des modèles économiques actuels, largement basés sur la publicité.

En marge des services banalisés délivrés par quelques acteurs majeurs, l’exploration systématique des possibilités du web va se poursuivre à un rythme soutenu. La création de nouveaux services et leur diffusion est de plus en plus facilité par les technologies et des solutions à bas cout : programmation par composants, mashup, hébergement « low cost », etc. Par ailleurs, la création d’une startup devient de plus en plus facile, son financement requiert des montants de moins en moins élevés et le « time to market » est considérablement réduit. Voir l’excellent essai de Paul Graham sur le sujet.

Ce foisonnement de startups offrant des services en ligne innovants participe à un immense système de sélection naturelle. Seuls les services apportant réellement une nouveauté pour répondre à un besoin du marché obtiennent une visibilité. Cette visibilité peut éventuellement devenir un succès, et enfin, se transformer en business pérenne si toutes les conditions sont réunies. La machine à sélectionner absorbe les quelques innovations pertinentes pour les intégrer le plus souvent dans l’offre des acteurs existants (aprés un rachat). La grande majorité des autres tentatives disparaissent plus ou moins rapidement. En marge, un nombre important de services en ligne peu ou pas rentables survivent plus ou moins fragilement, dans un environnement fortement concurrentiel.

Les réseaux sociaux apparaissent donc aujourd’hui comme une offre dont la sélection est déjà assez largement avancée. Des acteurs secondaires ou de niche peuvent apparaitre au travers d’approche nouvelles, se distinguant en particulier par une identité forte. Il reste que la possibilité de monétiser et de pérenniser de telles plateformes apparait toujours comme un énorme challenge compte tenu de leurs faiblesses intrinsèques.

[A suivre…]